Les idées reçues sur la Costa Brava ?
Le 12 septembre 1908 le journaliste Ferrán Agulló, dans la «Veu de Catalunya», publiait un article intitulé «Per la Costa Brava». C’est ainsi qu’apparaissait pour la première fois l’expression «Costa Brava». Elle faisait référence aux criques et villages de la Méditerranée, qui s’étendent du rocher Sa Palomera qui marque symboliquement le début de la Costa Brava sur la plage de Blanes, jusqu’à la frontière française, voire au-delà puisqu’on peut considérer que la Costa Brava commence ou se termine à Collioure.
« Costa Brava » cela veut d’abord dire côte sauvage, pour souligner le caractère de cette côte rocheuse découpée.
La Costa Brava, terre de clichés
« L’étranger nous vient toujours, d’abord, par le cliché. Impossible de l’éviter. Toutes les images du monde quand nous les recevons sont simplifiées jusqu’à l’extravagance. Aujourd’hui encore, lorsque nous partons pour un pays inconnu, qu’en savons-nous ? Nous avons lu quelques articles, peut-être, ici ou là, dans un magazine, parfois un livre, nous avons vu un film s’y déroulant, dans le meilleur des cas un documentaire ou un reportage. Et notre esprit a schématisé ce qu’il a reçu. Pour ne pas l’oublier, probablement. Pour conserver au moins quelques points de repère. Car les complexités de notre monde sont telles que nous ne sommes pas équipés pour le pénétrer, pour y faire face.
[…]
Nous passons à côté des peuples, dans nos voyages, sans les voir. Et sans les entendre. »
Jean Claude CARRIÈRE, Mémoire espagnole(1)
Alors qu’est-ce que la Costa Brava ?
Les villages de pêcheurs, l’arôme des pins, les paysages abrupts, une mer magnifique, des plages et des criques sauvages, des habitants profondément attachés à leurs traditions… Il n’en faut pas plus pour faire la renommée de la Costa Brava, qui depuis plus de 100 ans, a attiré des millions touristes.
Oui, bien sûr, la Costa Brava est devenue au fil des années, synonyme de tourisme de masse. Dans les années 60 et 70, l’Espagne a industrialisé le tourisme sur de cette côte (et de bien d’autres côtes plus au sud). On peut en voir et déplorer le résultat de cete urbanisation imposante, à Lloret de Mar, à Platja d’Aro, Palamos ou à Empuriabrava, la plus grande marina d’Europe.
Mais ces constructions des années franco ont complètement cassé l’image française de cette région, avec en parralèlle les grandes réalisations touristiques concurentes en roussillon. C’est surtout cette période qui a génér les idées reçues sur la Costa Brava!!
Car à côté de cette image dépassée de plages bondées au pied des tours, d’enfilades de discothèques, point de rencontre d’une jeunesse européenne dopée [entre autre] à l’électro, il subsiste bien des endroits qui ont gardé tout leur charme et leur authenticité, ou vous pourrez rencontrer des catalans fiers de leur région et heureux de vous accueillir pour vous faire découvrir l’âme de ce pays.
Sortir des sentiers [trop] battus
Entendons-nous bien, nous parlons ici d’endroits qui reçoivent quand même des milliers de touristes, pas de la steppe ou de la savane. La découverte de la Costa Brava, ça n’est tout de même pas la traversée du Sahara ou de la Mongolie en camping-car (ceci dit, la traversée du parc de Creus, des Gavarres ou du massif de Montgri peut réserver de grands moments de solitude à ceux qui le désirent, même en plein mois d’Août). Nous sommes sur une côte de la Méditerranée occidentale !
Je n’en peux plus des rengaines ressassées, d’entendre « la Costa Brava n’est plus ce qu’elle était… » Les gens imaginent toujours Dali, Gala et leurs amis perdus à Port Lligat, se baignant dans une nature vierge… Cette carte postale rêvée de la Costa Brava a peut-être existée. Mais, à cette époque-là, perpignan était le centre du monde et il fallait une semaine pour faire Paris Cadaques. Aujourd’hui, autour de la méditerranée, les plages désertes ne sont pas légion
Au-delà des idées reçues sur la Costa Brava
La Costa Brava c’est quand même :
- Trois parcs naturels (Cap de Creus, Aiguamolls d’Emporda, Montgri-Iles Medes et Baix Ter) qui protègent de manière efficace des espaces naturels superbe.
- Un club de plongée tous les trois kilomètres pour faire découvrir aux plongeurs de toute l’Europe des espaces maritimes préservés. (Les plongeurs préfèrent souvent les rochers sauvages aux espaces bétonnés…)
- Des villages côtiers (Cadaques, Calella de Palafrugell, Tossa de Mar) ou en arrière-pays (Pals, Peratallada, Monells, …) splendides
- Des rochers et des falaises qui succèdent à de grande baies. Le GR92 longe la côte quasiment sur toute sa longueur et permet aux marcheurs de découvrir des paysages merveilleux
- Et bien sûr, un blog qui essaie de vous faire découvrir tout ça… 🙂
La Costa Brava est un pays où l’on se sent bien.
À notre époque où tout le monde cherche à voyager, toujours plus loin, redécouvrir une région en proximité n’offre certes pas des expériences extravagantes des descentes himalayennes en rafting ou les grandes aventures de la traversée de la pampa.Mais la Costa Brava est un pays où l’on se sent bien!
La Costa Brava est un verre à moitié plein ou à moitié vide, en fonction de la façon dont vous la regardez. Il n’y a certes plus de plage vierge, mais on peut découvrir ou réaliser des choses merveilleuses: un bain dans une crique sauvage du Cap de Creus, observer des oiseaux nichant dans les marais, survoler des collines arides surplombant les vertes rizières, traverser des forêts de chênes liège et se baigner dans des chapelets de criques splendides, reliées par le cami de ronda.
Alors, si vous voulez profiter au mieux des beautés de cette splendide côte, prenez le temps de préparer votre séjour. Choisissez vos points de chute en fonction de vos envies. Découvrez l’arrière-pays, parcourrez les collines et les sentiers côtiers. Allez au-delà des idées reçues sur la Costa Brava.
Il y a tant de jolis villages et tant de criques à découvrir. Le monde de Dali a tant à donner. Tant de souvenirs à créer.
Il faut juste espérer (et se battre pour) que la beauté dure, que la laideur diminue petit à petit et que le bleu de la mer et du ciel restent éternel.
(1) J’ai beaucoup aimé ce livre qui livre une expérience très personnelle et très riche de l’Espagne sur les 50 dernières années. M. Carrière a vraiment beaucoup de talent pour nous faire partager ses souvenirs avec émotion et retenue. Passionnant.
Amateur de soleil et de criques. J’aime les balades le long de la mer méditérannée, la gastronomie catalane, la plongée sous-marine, les photos et les oiseaux dans les rizières de Pals.