Le décor

Enfant, je me demandais souvent ce qu’il y avait derrière le Montgrí. On n’en voyait qu’un seul côté, en venant de Begur, de Regencós, de Pals, de presque tous les endroits on nous arrivions … Quand nous allions au marché de Torroella chaque lundi, on se rapprochait du Montgrí, et l’espace se resserrait, comme si tout le ciel était à lui et qu’il en revendiquait la possession. Ensuite, il me semblait que je pouvais presque toucher le château et je m’imaginais une infinité de chambres luxueusement décorées, qui hébergeaient tous les personnages de tous les contes que j’avais lu. Jusqu’à ce qu’un jour un adulte me dise que le château était vide, qu’à l’intérieur il y avait rien de rien, que c’était seulement quatre murs qui accueillait cet air froid qu’on trouve toujours au sommet du mont Santa Caterina. À partir de ce jour-là, j’ai imaginé le Montgrí comme une sorte de décor, un énorme accessoire, un mensonge colossal, qui derrière lui, mais n’était non pas e dispose pas d’un réseau compliqué que la tenue.


Adolescent, on m’a fait prendre le chemin rocailleux pour m’emmener au pied de la Cau del Duc (grotte au pied du château) pour m’expliquer, que grotte presque cachée dans la roche, avait accueilli des hominidés paléolithiques. Alors, peut-être, je commençais à me réconcilier avec la petite montagne, parce que j’imaginais des hommes des cavernes, velus et criards, en train de chasser les mammouths et les qui adoraient des dieux étranges, dans une nature sauvage et éloigné dans le temps.

Ce fut le jour même, au retour, qu’un professeur nous dit que le Montgrí était également appelé « l’évêque couché »: la montagne centrale formait les mains de l’évêque repliées sur sa poitrine et le château était la bague épiscopale; la seconde montagne, le Montpla, était son corps, et Roca Maura proche de l’Estartit, représentait les pieds. Pendant de nombreuses années ce fut la version officielle du Montgrí, jusqu’à ce que soudain le château ne sembla plus comme un anneau d’évêque, mais devint un mamelon turgescent et arrogant, couronnant une montagne ronde comme une poitrine : une femme fabuleuse étendue sur cette terre chaude, les jambes ouvertes pour laisser entrer la fraîcheur agréable et remuante de la mer.


Maintenant, de la maison même, je continue à voir le Montgrí. Si je sors sur les terrasses du jardin, je ne distingue pas le château. Je le trouve seulement si le jour est très clair, diaphane. Je l’entrevoie entre deux chênes lièges qui, s’ils grandissent un peu plus, m’empêcheront de le voir. Il me donne une sensation de distance et de proximité simultanément. Il m’agrandit la vue et dans le même temps, c’est une barrière. Ici, je peux chaque jour le voir, comme s’il me tenait compagnie, comme s’il voulait renforcer mes certitudes, mes points de référence. Je sais qu’il est là, et cela me suffit.
MIQUEL MARTÍN

 

Le texte original en catalan  : http://www.diaridegirona.cat/opinio/2016/03/20/decorat/773491.html

Cet article est une traduction d’un texte de MIQUEL MARTÍN, paru dans le diari de Girona, le 23 mars 2016. J’espère avoir retranscrit de la meilleure manière les idées originales de l’auteur, n’avoir pas trahi ses pensées.

J’ai juste trouvé ce texte superbe, et reprenant bien l’idée obsédante et merveilleuse du Montgri, pour tous les habitants de merveilleuse vallée du Ter.

Merveilleuses vues du Montgri, du mirador Josep Pla, à Pals, des rizières ou du Quermany, à Pals également.

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