La nacre de méditerranée (Pinna nobilis, un mollusque), a vécu un petit miracle en Espagne. Pendant l’été et à l’automne 2017, alors que tous les ponts entre la Generalitat de Catalogne et le reste de l’Etat avaient été dynamitées, une équipe de scientifiques de cinq régions différentes a travaillé sur la côte catalane pour sauver cette espèce endémique de la Méditerranée.
Les efforts pour empêcher l’extinction de la nacre de méditerranée ont persuadé les autorités à coopérer entre elles, à un moment où le dialogue politique était inexistant.
La nacre est un mollusque indigène de la Méditerranée pouvant vivre jusqu’à 30 ans. En raison de son apparence, elle ressemble à une moule géante (car elle peut mesurer 1,20 mètre). Depuis l’été dernier jusqu’à maintenant, cependant, elle a pratiquement disparue de la Costa Brava. Et celles restant sur les fonds marins sont mortes, coquille ouverte.

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La cause de son extinction est un parasite (un protozoaire du genre Haplosporidium) qui lui fait perdre « les réflexes de protection ». La nacre ne peut plus se fermer, et s’expose aux prédateurs, qui « mangent la partie molle » et finissent par la tuer.

La nacre est en danger d’extinction

Les premiers signes avant-coureurs sont venus à l’été 2016: la nacre de méditerranée, le deuxième plus grand mollusque au monde, est atteinte de mortalité extrême en Andalousie, région de Murcie et de Valence. En Octobre 2016, le fléau atteint les Îles Baléares.
Un parasite unicellulaire jusqu’à présent inconnu se déplace dans les courants océaniques, avec le plancton, et annihile l’espèce en quelques semaines.
Un groupe de surveillance sous l’égide de l’Institut d’océanographie (IO) et le ministère espagnol de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Environnement a été constituée en Octobre 2016. Le coordinateur du projet est Jose Rafael Garcia Mars, scientifique à l’Institut de recherche en sciences de l’environnement et de marine (IMEDMAR) de Valence.
Alors que la mortalité a augmenté de 90% en Méditerranée espagnole, la côte catalane a été la dernière zone sans parasites. L’équipe de Mars García prédit en Juin 2017, suivant l’évolution des courants, que la Catalogne serait etteinte à l’automne.

L’idée d’une intervention de secours d’urgence est venue en Juillet 2017. García Mars assure que le projet est unique dans l’histoire scientifique de l’Espagne: il n’y a jamais eu tant d’institutions et administrations coordonnées pour sauver une espèce en si peu de temps.


Une réunion a eu lieu le 17 Septembre au siège du ministère pour approuver un plan pour extraire et sauver les nacres sur la côte catalane, et pour qu’elles soient gardées en vie dans des centres de recherche. On était juste deux semaine avant la tenue du referendum 1-O que la Cour constitutionnelle avait déclaré illégal. La ligne entre le gouvernement central et le catalan était inexistant. Pourtant le ministère a approuvé un plan de financement pour 492.000 euros.
Le 24 Octobre, trois jours avant la déclaration unilatérale d’indépendance et l’intervention du gouvernement, le ministère a annoncé l’approbation des mesures d’urgence pour sauver et entretenir 215 exemplaires de Nacre en Catalogne, en accord avec les représentants « communautés autonomes de la Méditerranée et plusieurs centres de recherche. 215 exemplaires ont été récupérés à Portlligat dans le parc du Cap de Creus (Girona) et dans la baie Alfacs et dans le delta de l’Èbre.

Déjà 80% de mortalité sur la Costa Brava

L’idée initiale était d’extraire des exemplaires de nacres dans la zone située entre les îles Medes et Sant Pol de Mar, mais peu de temps avant le début des plongées a été confirmé que les nacres étaient déjà en train de mourir plus au nord. Aujourd’hui, la population de nacres a disparu sur la Costa Brava à 80% .
La Fundació Mar dispose de 19 stations de surveillance réparties le long de la côte catalane – formant un réseau connu sous le nom de Silmar – et des plongées sont effectuées périodiquement pour vérifier l’état de l’écosystème. Dans la baie de Vigatà à Sant Feliu de Guíxols, sur les 89 nacras recensées, toute sont mortes.
« En été de l’année dernière, il n’y avait aucun symptomes, en décembre nous avons déjà trouvé 36% de décès et aujourd’hui, nous avons vu qu’aucun d’entre eux n’a survécu à l’épidémie », explique l’un des volontaires de la Fundació, Joan Lázaro. Dans l’anse Ametller de la même municipalité, où l’entité dispose d’une autre station de surveillance, la situation est la même. Sur les 22 nacres qui avaient été comptées, toutes sont mortes.

Un premier miracle, la mort du parasite

Les travaux d’extraction en 2016 ont eu lieu. A Portlligat, 10 plongeurs ont extrait entre Novembre et Décembre plus d’une centaine d’exemplaires, qui ont été confiés à différents laboratoires.
La surprise est venue au bout de quelques semaines: la plupart des exemplaires de nacre avaient le parasite, mais il est mort avec l’augmentation de la température de l’eau dans des réservoirs de stockage.
Un des laboratoire (IMEDMAR) dispose désormais de dix nacres qui a accueilli pour travailler sur la reproduction en captivité, jamais réalisée à ce jour. A Murcie il y a seulement 2 nacres, et à Huelva, 19. Les spécimens morts sont envoyés à l’Institut Méditerranéen d’Etudes Avancées (IMEDEA) à Palma de Majorque, où le parasite est étudié.

Le repeuplement de la Méditerranée espagnole dépend surtout des 103 spécimens adultes et 45 juvéniles de nacre de méditerranée conservés au siège de l’IRTA à Sant Carles de la Ràpita (delta de l’Ebre). Ils ont été collectés en novembre dans la baie de Dels Alfacs, où se trouve la deuxième plus grande population de la Méditerranée.
Patricia Prado, technicienne de l’IRTA, explique que le plan de sauvetage est une exception positive. Mais il est essentiel d’avoir plus de ressources, insiste-t-elle: par exemple, le réservoir où sont gardées les juvéniles a été donné par une ferme piscicole de la région. La ligne de financement du ministère se termine en décembre 2019, n’inclut pas de recherche sur le parasite et, surtout, n’inclut pas l’étude pour déterminer pourquoi les mollusques sont restés immunisés contre le parasite dans le delta de l’Ebre.

Iris Hendriks, une scientifique de l’IMEDEA et de l’Université des Îles Baléares, étudie la population des nacres depuis 2006. Hendriks dit que les ressources pour son travail sont particulièrement déficientes car la recherche à long terme n’a pas de soutien. On ne peut pas étuider par exemple les quelques exemplaires vivants encore aux Baléares, ce qui serait fondamental pour savoir ce qui les rend résistants. Avec 14 ans de carrière scientifique en Espagne, Hendriks admet que ce qui s’est passé a un côté positif car il n’avait pas vu un projet avec une combinaison aussi large de scientifiques et d’administrations: « Nous, les scientifiques, savons mieux coopérer que les politiciens.

Des essais ont lieu aujourd’hui dans la région de Cap de Creus pour enrober les spécimens avec une sorte de filet. « Cela permet à l’eau de passer et à la nacre de continuer à filtrer. Si le parasite l’affecte, les prédateurs ne mangent pas la partie molle, protégée par le filet. Il faudra donc attendre les résultats pour savoir, si cette espèce, endémique de la méditerranée pourra être sauvée.

http://www.lavanguardia.com/local/girona/20180626/45419456032/nacras-costa-brava-casi-extinguido-parasito.html
https://www.diaridegirona.cat/comarques/2018/06/26/parasit-que-afecta-nacres-gairebe/921246.html
https://elpais.com/elpais/2018/06/22/ciencia/1529658044_061093.html

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