Certains habitants n’ont pas besoin d’être connecté pour savoir qu’il y a des appartements proposés sur AirBnb à Barcelone, dans leur immeuble. Tout ce qu’ils ont à faire est d’écouter. Écouter l’agitation la nuit dans le bâtiment, les claquements de porte, les bruits de marche et le bavardage en langues étrangères. Ecouter les gens qui boivent sur leurs terrasses très tard en semaine, lorsque les résidents, qui ont un emploi sont endormis.
Tout ce que vous avez à faire est de rester devant la porte d’entrée de l’immeuble pour repérer les trois ou quatre touristes qui vont inévitablement être là à essayer de comprendre comment obtenir l’accès à leur appartement, en appuyant sur tous les les touches d’interphone et en regardant leurs téléphones pour trouver des indices. Ou bien observer les tas d’ordures dans les parties communes, qui ont été stockés par des gens qui ne savent pas trouver les bacs.
Ces gens sont en vacances, évidemment. Et ils peuvent être un cauchemar pour ceux qui ne sont pas. C’est l’inconvénient d’Airbnb et ses concurrents.gaudi barcelone (3)

A priori, un système de location d’appartements privés pourles voyageurs est une bonne chose. Être en mesure de louer un appartement normal, à un prix raisonnable, dans une partie intéressante d’une ville étrangère semble une très bonne idée dans le monde du voyage. La plupart du temps les voyageurs ont de bonnes expériences, avec de vrais appartements pour le prix d’une chambre d’hôtel pas chère, avec cuisine, canapé et machine à laver compris.

Les inconvénients et les dérives du système AirBnb à Barcelone

Mais les effets de masse de AirBnb à Barcelone entrainent une saturation. Des dizaines de milliers d’appartements sont à louer (les estimations vont de 10 000 à plus de 100 000), pour une ville qui compte 600 hôtels et 74.000 chambres . Et là le système montre ses limites. Et pas uniquement pour les professionnels de l’hôtellerie, qui voit une concurrence déloyale, car non règlementée et peu taxée.
La première limite est pour le voisinage des appartements loués. Les voisins se retrouvent à vivre dans un hôtel sans concierge ni aucun comptoir d’enregistrement pour orienter les touristes désorientés. Les nuisances sont diverses : on sonne à la mauvaise porte, on laisse les ordures au mauvais endroit, on demande sans arrêts de l’aide et des orientations. Au début, pourquoi pas. Mais à Barcelone, l’ampleur du phénomène est tel, que les nuisances sont est devenues insupportables pour les habitants de certains quartiers. Ce système de partage de maison est en train de changer les quartiers. Il crée de d’animosité envers les touristes qui les envahissent.

Ramblas barcelone

Les autorités Barcelonaises et Catalanes réagissent

En plus, des abus sur l’utilisation des appartements comme source de revenus, provoque des augmentations de loyer. Les autorités (mairie de Barcelone, gouvernement de Catalogne) essaient de réguler le système, en demandant des enregistrements, en limitant les possibilités de location des appartements, en nombre et en durée.

panoramas barcelone sagrada familia
La mairie de Barcelone a annoncé trois nouvelles mesures pour mettre fin à la location illégale d’hébergements touristiques et « réduire son impact négatif sur la ville et créer un nouveau modèle de tourisme durable et de qualité ». La première mesure vise les propriétaires d’appartements touristiques loués de manière illégale qui ont déjà été sanctionnés, avec des amendes de 15 000 euros en moyenne. Ils seraient près de 300 actuellement. Il est également demandé aux plateformes comme Airbnb, de faciliter l’identification des propriétaires et leur numéro d’inscription au Registre du Tourisme. En cas de refus, la mairie prendra des sanctions. Enfin, la mairie a lancé une campagne de communication pour inciter les touristes à dénoncer les appartements loués illégalement.
http://hospitality-on.com/actualites/2015/08/07/barcelone-ada-colau-poursuit-son-combat-contre-la-location-illegale/
En Catalogne, un propriétaire ne pourra pas louer une partie de son logement plus de 4 mois dans l’année et devra être physiquement présent dans l’appartement et inscrit auprès de l’administration du Tourisme.
http://hospitality-on.com/actualites/2015/07/15/la-catalogne-met-le-hola-a-la-location-saisonniere/?utm_source=HON&utm_medium=Marketing&utm_campaign=Articles%20similaires
Mais les abus continuent. Certains louent des appartements à l’année, non par pour y loger mais pour les relouer à la semaine, avec de gros bénéfices en poche, tout en escroquant les propriétaires http://elpais.com/elpais/2015/09/01/inenglish/1441115926_651764.html. Et cela dans des conditions parfois extravagantes, certains loueurs permettant aux touristes de s’entasser à 6, voire à 8, dans des logements adaptés pour seulement 2 ou 3 personnes.
Il faudra surement passer par une règlementation et une surveillance beaucoup plus stricte pour que le système ne dévore pas toute la ville. Barcelone ne veut pas devenir une ville musée comme l’est aujourd’hui Venise. Une ville qui n’est plus habitée que par des touristes. Les Barcelonais défendent l’âme de leur ville. La foule gronde :


Hors avec un tourisme de masse en augmentation exponentielle (avec 27 millions de touristes annuellement, Barcelone est la troisième ville touristique d’Europe après Londres et Paris), ce n’est pas simple. Comme en témoigne l’anthropologue Andres Antebi :

À Barcelone, tout le poids touristique est supporté par un territoire très étroit dans une ville déjà très petite. Le plus gros problème est celui de l’échelle. Il est tout simplement impossible de faire rentrer plus de monde»

Extrait du site Slate, avec un article super sur le « junk-tourisme » : http://www.slate.fr/story/105429/comment-reussir-dernier-sejour-junk-tourisme-barcelone

Cette hyper-spécialisation dans le tourisme est palpable en particulier sur Las Ramblas. Les anicenens boutiques ou se rencontraient les Barcelonais laissent la place aux boutiques de souvenirs et de restauration rapide et aux musées dédiés aux touristes de masse (musée du jambon !)

Boqueria Barcelone

Au marché de la Boqueria, on a limité la taille de groupes de touriste admis pour laisser un peu de place aux habitants.
Et que dire du tourisme de cuite qui provoqiuent certains comportements excessifs de touristes (faire ses courses nus dans Barcelone, des jeunes qui urinent partout, ) ont cristallisé ce rejet.
https://vforner.files.wordpress.com/2014/08/sasa.jpg

Le débat ne sera pas de dire oui ou non au tourisme, qui représente plus de 12% du Pib de la ville. Mais il faut que la ville sache comment le gérer, comment maitriser cette bulle qui menace d’exploser. Rendre le tourisme compatible avec une ville de Barcelone où les gens puissent vivre

A lire :
Vincens Forner : le photrographe du tourisme de masse à barcelone
Slate.fr : http://www.slate.fr/story/105429/comment-reussir-dernier-sejour-junk-tourisme-barcelone
Courrier internationnal : http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/04/tourisme-le-ras-le-bol-de-la-barceloneta
Agoravox : http://www.agoravox.fr/actualites/societe/article/barcelone-quand-le-tourisme-158404

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